De 2014 à 2016, le taux moyen d’homicides intentionnels pour la Guadeloupe et Saint-Martin s’établit à 8,2 pour 100 000 habitants. Ce taux est de 6,9 pour l’archipel de la Guadeloupe, mais il est beaucoup plus élevé pour l’île de Saint-Martin : 22,8 faits pour 100 000 habitants. En ajoutant les données recueillies pour un travail universitaire entrepris au sein du CHU des Antilles sur les homicides intentionnels de 2011 à 2013, on obtient un taux de 7,3 pour la Guadeloupe et de 19,7 pour Saint-Martin.
Ces taux sont très supérieurs à ceux que l’on observe dans les départements et régions de la métropole. Sur la période étudiée, le taux d’homicide intentionnel pour les territoires les plus exposés est de 4,5 à Paris, 3,8 en Corse et de 2,9 dans les Bouches-du-Rhône, 1,7 en Seine-Saint-Denis et en Île-de-France.
Près de la moitié des communes en Guadeloupe et à Saint-Martin ont eu à connaitre au moins un homicide intentionnel entre 2014 et 2016. Il s’agit donc d’un phénomène relativement dispersé sur le territoire. Mais on observe que les cinq communes qui ont enregistré les taux les plus élevés sont situées à Saint-Martin, notamment à Quartier d’Orléans.
Les meurtres résultent d’une rixe pour 25 % d’entre eux ou d’un règlement de compte pour 25 % également. Dans 80 % des cas, la victime est un homme. Les deux classes d’âges les plus fréquentes sont comprises entre 20 et 25 et 26 et 30 ans (valeur modale) et 8 fois sur 10, la victime est de nationalité française et elle réside en Guadeloupe. Dans 48 % des cas l’homicide intentionnel est commis au moyen d’une arme à feu, ce qui constitue le moyen du meurtre le plus fréquent. Les armes de poing sont les armes à feu les plus utilisées (53 % des homicides par arme à feu). Dans 81 % des homicides commis dans le cadre d’un règlement de compte c’est une arme à feu qui est utilisée. Les meurtres ont été plutôt commis la nuit (57 %) et en juillet (13 %). Lorsqu’ils sont commis la nuit, les rixes et les règlements de compte sont les principales motivations du passage à l’acte (29 % du total des faits). En revanche, les rixes constituent les motivations les plus fréquentes pour les homicides commis en journée.
Deux questions sont traditionnellement posées lorsque l’on s’intéresse à la violence sur un territoire : est-ce que cette violence est spécifique à ce territoire, et est-ce que cette violence augmente ?
Le recensement des faits enregistrés par les services de la police et les unités de la gendarmerie n’est pas suffisant pour mettre en exergue les spécificités territoriales relatives à la nature, la spatialité et à la temporalité d’un phénomène aussi complexe que l’homicide. Mais sur cette question, les données enregistrées par les instituts médico-légaux sont susceptibles par leur précision et la richesse de leurs variables, d’éclairer plus largement le phénomène.
Quant à la variation, la rareté du phénomène impose des observations sur une longue période pour éventuellement déterminer des tendances qui échapperaient aux influences conjoncturelles. La période disponible à partir des données de l’IML est insuffisante pour déterminer une tendance.