Cet article a été écrit par Stéphane Mortier, adjoint au chef du Centre de sécurité économique et protection des entreprises à la direction générale de la Gendarmerie nationale. Il est issu du n°56 des Cahiers de la sécurité et de la justice.
Introduction
La crise de la COVID-19 a suscité une réaction rapide de la Gendarmerie nationale sur l'ensemble de ses missions. Lors du premier confinement, en mars 2020, force était de constater que la gendarmerie était un des rares acteurs à être présent. C'est cette présence (continuité du service public, y compris en période de crise) qui a conduit à la mise en place de l'opération #RépondrePrésent. Elle visait à répondre aux préoccupations des territoires en sécurisant, accompagnant et rassurant la population et les acteurs locaux, particulièrement les plus vulnérables et les plus exposés1. Parmi les acteurs les plus exposés figuraient les entreprises, les acteurs économiques.
Pleinement impliquée dans la politique publique de sécurité économique depuis 2005, la Gendarmerie nationale a adapté, suite à la crise de la COVID-19, son dispositif de sécurité économique pour #RépondrePrésent. Cela a conduit à la mise en place d'un dispositif renforcé impliquant trois chaînes fonctionnelles : les référents sécurité économique et protection des entreprises, les référents sûreté et les spécialistes de la cybersécurité. Il s'agit du dispositif PréSAnSCE (Prévention Situationnelle, Analyse, Sécurité et Cybersécurité des Entreprises), coordonné au niveau régional par un officier régional sécurité économique et piloté depuis la direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN).
Les représentants de ces trois chaînes distinctes sont au contact des entreprises et tissent des liens avec celles-ci. Le prisme de la nouvelle sociologie économique pourrait permettre une première analyse de ce dispositif. En effet, aucune étude n'a pour l'heure été menée sur ce dispositif ni en interne (communauté des chercheurs de la gendarmerie - CREOGN) ni en externe. Les relations entretenues par les gendarmes avec les acteurs économiques ne sont pas de nature économique mais ont, ou peuvent avoir, une incidence sur le comportement, la stratégie, les actions des acteurs économiques.
Ces relations sont encastrées dans des configurations, des réseaux plus larges. Qu'en est-il exactement ? Le dispositif PréSAnSCE est-il un vecteur de diffusion d'une information pertinente [relative à la politique publique de sécurité économique] à l'attention des entreprises dans le cadre de son implication dans un réseau social ? La nature des liens acteur économique/gendarme est-elle déterminante ? Au-delà de ces questions, le dispositif PréSAnSCE est-il efficient au regard de la nouvelle sociologie économique ?
Grille de lecture théorique
La nouvelle sociologie économique et la notion d'encastrement
La « Nouvelle sociologie de l'économie », lancée par les travaux de Granovetter, est un courant théorique qui s'efforce d'expliquer les faits économiques à partir d'éléments sociologiques [Laville, 2002 ; Steiner, 1998, 1999, 2001, 2002 ; Swedberg, 1987 ; Smelser et Swedberg, 1994 ; Swedberg et Granovetter, 2001]. Selon cette approche, beaucoup de problèmes économiques, qui, par la tradition, sont vus comme appartenant au champ de l'économiste, peuvent être mieux analysés en tenant compte des considérations sociologiques [Swedberg et Granovetter, 2001].
La nouvelle sociologie de l'économique s'appuie sur trois principes généraux qui, pris ensemble, lui donnent une véritable unité théorique :
- l'action économique est une forme de l'action sociale ;
- l'action économique est socialement située ou encastrée ;
- les institutions économiques sont socialement construites, on peut les considérer comme des réseaux sociaux figés [Granovetter, 1992, 1992b, 1994 ; Swedberg et Granovetter, 2001].
Dans cette perspective, l'entrepreneur n'est plus uniquement guidé par son intérêt personnel, mais aussi par d'autres dimensions essentiellement relationnelles comme la confiance, le statut, l'approbation, la recherche de prestige, les normes et le pouvoir, dont l'origine est à chercher dans le contexte social. Ce contexte social recouvre les influences qu'exercent les relations personnelles bilatérales des entrepreneurs ainsi que les opportunités qu'elles offrent et les contraintes que font peser la structure de ces relations et les réseaux à l'intérieur desquels les entrepreneurs se meuvent. Ce sont ici les deux dimensions de la notion d'encastrement qui sont mises en évidence : la dimension relationnelle et la dimension structurale [Plociniczak, 2003].
La notion d'encastrement a été introduite par Karl Polanyi [1957] : l'action économique ne peut être réduite en des termes individualistes, car elle est influencée par les institutions. L'économie humaine est encastrée et insérée au sein d'institutions économiques et non économiques. L'inclusion de la dimension non économique étant vitale ! Il en résulte alors que l'encastrement rassemble un ensemble de règles sociales, politiques et culturelles au sein du paysage économique.
L'encastrement relationnel ou interpersonnel retient l'ensemble des relations qui exercent une influence sur l'acteur économique. Celles-ci se sont développées au contact des autres acteurs à travers le réseau relationnel de l'intéressé et participent à la constitution de son capital social. De plus, la notion d'encastrement postule qu'il est impossible d'examiner des relations bilatérales en situation d'isolement sans les replonger à l'intérieur des structures relationnelles plus larges, c'est-à-dire des réseaux au sein desquels les acteurs sont situés. L'encastrement structural s'attache, quant à lui, à retenir l'ensemble des relations bilatérales encastrées dans la structure du réseau de relations concernée. Ainsi, prétendre analyser une relation bilatérale sans comprendre comment elle est elle-même encastrée dans un ensemble plus étendu de relations ne nous donne pas une vision complète de cette relation bilatérale [Granovetter, 1993]. Par conséquent, l'étude de l'encastrement de la relation dans son réseau de relations nous informera sur les répercussions de cette relation sur les autres. Pour Polanyi, l'économie recouvre l'ensemble des activités dérivées de la dépendance de l'homme vis-à-vis de la nature et de ses semblables. Par encastrement, il désigne « l'inscription » de l'économique ainsi définie dans des règles sociales, culturelles et politiques qui régissent certaines formes de production et de circulation des biens et services. L'encastrement selon Granovetter rend compte de l'insertion des actions économiques dans des réseaux sociaux, qu'il convient de cerner à partir des relations personnelles et des structures de celles-ci. Il s'agit « d'étayage » sur des réseaux sociaux qui peuvent, par exemple, expliquer l'itinéraire suivi par des entreprises dans leur développement, certains choix techniques renvoyant à des relations de confiance entre responsables d'entreprises et experts. Il n'en demeure pas moins que ces parcours sont finalisés dans une économie marchande. Granovetter propose donc d'expliquer certaines trajectoires d'institutions propres à l'économie marchande, ce qui diffère du projet de Polanyi, centré sur l'explication de la dynamique du marché et l'analyse de ses conséquences sur la démocratie [Laville, 2008].
Dans ces perspectives, l'encastrement suppose que les actions économiques des acteurs dépendront de la structure des relations sociales dans lesquelles ils agissent. De plus, il est nécessaire de repérer, d'une part, les liens aux objets, aux acteurs et aux situations et, d'autre part, la dynamique et la forme de la relation sociale. Granovetter [1985] précise que les acteurs ne se comportent ni ne prennent leurs décisions comme des atomes, indépendants de tout contexte social, pas plus qu'ils ne suivent docilement un scénario écrit pour eux et qui serait fonction de l'ensemble des catégories sociales auxquelles ils appartiennent. Au contraire, les actions qu'ils entreprennent pour atteindre un objectif sont encastrées dans des systèmes concrets, continus de relations sociales.
En conséquence, la structure sociale dans laquelle l'acteur puise ses informations a une influence sur la teneur des informations et donc sur ses actions. Le contexte de l'explication des comportements entreprenants passe ainsi de l'acteur isolé à un cadre de référence plus large et plus social : le réseau social [Granovetter, 1994]. Ainsi l'environnement relationnel de l'acteur économique serait alors un assemblage de relations sociales, de réseaux et d'actions individuelles. La perspective de l'encastrement impliquerait alors un enchevêtrement des intentions sociales et économiques de l'acteur.
L'étude des relations entre les acteurs par le concept de l'encastrement favorise une approche plaçant l'action individuelle dans une structure relationnelle qui pèse sur l'action et qui permet l'analyse des interactions et leurs conséquences sur la structure. Elle favorise la compréhension de phénomènes émergents découlant des connexions entre les acteurs, dont on ne peut pas rendre compte par une simple agrégation des attributs des membres de la structure [Knoke et Kulinski, 1982]. L'hypothèse centrale de Granovetter repose sur la condition de l'acteur économique qui n'est pas isolé, mais situé dans des réseaux et des structures sociales qui agissent sur sa stratégie. L'action d'un acteur ne peut s'expliquer uniquement par la poursuite d'intérêts individuels économiques. Des objectifs non économiques entrent également en ligne de compte tels que la sociabilité, l'approbation, le statut social ou encore le pouvoir. Granovetter précise aussi que la notion d'encastrement postule l'existence de réseaux sociaux personnalisés qui influencent le comportement des acteurs individuels. Les actions économiques sont, de ce fait, encastrées dans des structures sociales qui conditionnent les stratégies mises en place, sans pour autant les déterminer entièrement. Les acteurs ne prennent pas de décisions indépendamment de tout contexte, pas plus qu'ils ne suivent un cheminement prédéterminé en fonction de leur appartenance sociale.
Les types d'encastrement
M. Granovetter [1994] a précisé que les organisations économiques ne peuvent être analysées en termes strictement économiques, mais doivent s’enrichir de questionnements plus larges, incluant des dimensions sociales [Huault, 1998]. Ainsi, quatre types d’encastrements non exclusifs les uns des autres ont été déterminés [Huault, 1998] :
• l’encastrement cognitif : les travaux de Cyert et March [1963] ou de Simon [1955] avaient déjà démontré que l’encastrement cognitif se référait au caractère limité de la rationalité ainsi qu’à son caractère subjectif, cognitif et contextuel ;
• l’encastrement culturel : il met l’accent sur l’idée selon laquelle les aspects culturels façonnent les institutions économiques [Di Maggio et Powel, 1983]. Celles-ci pouvant être influencées par des valeurs ou des habitudes culturelles ;
• l’encastrement structurel montre que les relations économiques sont insérées dans des systèmes durables et concrets de relations sociales, c’est le cas par exemple des relations de personne à personne ;
• l’encastrement politique souligne que les décisions économiques sont dépendantes de la sphère politique, comme le montrent certaines analyses qui tiennent compte de facteurs économiques mais également politiques, à l’instar de la politique publique d’intelligence économique par exemple.
La notion d’encastrement ne résulte pas d’un travail de théorisation systématique. Les auteurs l’ont plutôt utilisée pour son pouvoir de suggestion, certains cherchant après coup à la définir plus précisément. Dans un sens statique, elle désigne un déterminisme faible dans lequel une activité ou une entité sociale dépend d’une autre qui est pour elle une ressource et une contrainte. Dans un sens dynamique, elle permet d’aborder les phénomènes d’émergence (comme « désencastrement ») et de dissolution. Peut-être faudrait-il renoncer à l’utiliser pour lui préférer un vocabulaire plus précis, mais son caractère à la fois suggestif et un peu flou qui a fait son succès comporte également l’avantage de permettre le dialogue entre des approches différentes qui ont entre autres en commun de considérer que l’activité économique dépend de logiques sociales plus générales [Grossetti, 2015].
La force des liens
C’est à Granovetter [1973] que revient la primauté des réflexions sur la force des liens. Il en donnait la définition suivante : la force d’un lien est une combinaison du temps accumulé, de l’intensité émotionnelle, de l’intimité et des services réciproques qui caractérisent ce lien. La nature des liens induit l’implication dont fait preuve un individu dans sa démarche de construction de relations personnelles. L’implication peut également concerner un groupe d’individus ou une organisation.
En fonction de l’intensité de chacun de ces éléments, un lien sera qualifié de fort ou de faible. Les liens faibles sont ainsi caractérisés par une faible quantité d’interactions dans le temps, une faible intensité émotionnelle, peu de confiance et peu de services réciproques. Contrairement aux réseaux à liens forts, les réseaux à liens faibles permettent de rentrer en contact avec un plus grand nombre d’individus et d’accéder à des informations nouvelles. En effet, les réseaux à liens forts regroupent des personnes similaires évoluant dans un cercle relativement restreint. Une information ne circulant qu’à travers des liens forts risque fortement de rester cloisonnée à l’intérieur d’une même « clique » [Granovetter, 1973]. Tandis que les réseaux à liens faibles permettent de rentrer en contact avec différents groupes d’individus, évoluant en dehors des cercles familiers. Les échanges sont ainsi plus riches en information, celle-ci est ainsi renouvelée et diffusée à plus grande échelle. Les informations et les idées nouvelles sont plus efficacement véhiculées à travers des liens faibles. Les liens forts ne constituent pas des ponts, seuls les liens faibles permettent de relier des groupes différents. Les liens faibles permettent de donner accès à des individus socialement distants, de saisir des opportunités, par exemple d’emploi, difficilement accessibles autrement.
Hansen [1999] et Granovetter [1995] considèrent les liens faibles comme moins contraignants que les liens forts du fait qu’ils nécessitent moins d’entretien et d’efforts et qu’ils font généralement l’objet de moins de pressions sociales. Ils permettent d’échanger des informations peu complexes, comme pour trouver un emploi, en situation d’exploration, pour échanger des connaissances codifiables [explicites] et non dépendantes [Hansen, 1999]. Toutefois, selon Hansen et al. [2001] les liens forts sont plus à même de créer du capital social. Putnam [2000] distingue deux types de capital social : le bonding (qui unit) et le bridging (qui relie), que l’on peut rapprocher des concepts de liens forts et de liens faibles pour favoriser le transfert des connaissances tacites. De plus, les liens forts correspondraient à une relation de confiance et permettraient ainsi un meilleur accès aux ressources [Borgatti, Cross, 2003 ; Levin, Cross, 2004 ; Uzzi, Lancaster, 2003] en particulier aux ressources sensibles ou de nature privée. D’une façon générale, ce n’est pas la mobilisation des liens forts qui conduit aux résultats les plus efficaces, mais celle des liens faibles. Évoluant dans des sphères différentes et donc ayant accès à des réseaux plus larges et hétérogènes, les liens faibles permettent d’accéder à des informations variées. Une information qui ne circulerait que par des liens forts risquerait de rester au sein de groupes restreints.
La qualité des liens faibles va privilégier la variété et l’intégration de l’information, tandis que les liens forts stimuleraient le processus d’accumulation des ressources [Lemieux, Ouimet, 2004]. Les liens forts nécessitent un temps d’investissement plus long, qui finalement limite le nombre de relations au groupe, tandis que les liens faibles requièrent moins de temps et autorisent un nombre plus important de relations [Uzzi, 1996]. Cela revient à former un réseau constitué de zones un peu fermées sur elles et constituées de liens forts et de ponts composés de liens faibles, mais donnant accès à d’autres zones de liens forts. En effet, pour Granovetter [1973] tous les membres d’un groupe finissent par disposer des mêmes informations et ressources qui circulent de façon homogène.
Ces postulats issus des travaux de Granovetter sont pourtant discutables et trouvent certaines limites. Les différences d’implication entre les individus ont un impact important sur la quantité et sur la qualité des relations développées. Des différences vont se faire jour dans l’accès aux informations et aux ressources, l’homogénéité entre les individus peut donc être mise en question en raison du caractère relativement peu rationnel des individus. Certains acteurs disposent de temps, d’expérience et d’une organisation facilitant la mise en œuvre de réseaux relationnels performants, d’autres moins ou pas du tout. Enfin, la maîtrise du secteur d’activité et l’identification de l’information stratégique pertinente vont nécessairement provoquer une différence directement imputable à la performance de l’individu. Tout cela conduit à admettre la variété qualitative des réseaux relationnels développés par les acteurs.
Sécurité économique et gendarmerie
Un acteur de la politique publique de de sécurité économique
Dès 2004, immédiatement après la nomination d’un haut responsable chargé de l’intelligence économique, la direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN) désignait un officier pour proposer des modes d’action qui pourraient contribuer à cette politique. Le travail de cet officier débouche, un peu plus d’un an après, sur les premiers éléments de doctrine d’intelligence économique de la gendarmerie nationale [de la Robertie, Lebrument, Mortier, 2021].
Une circulaire du ministre de l’Intérieur, en date du 1er juin 2010, rappelle le rôle de la direction centrale de la Sécurité intérieure (DCRI, aujourd’hui DGSI), de la gendarmerie nationale et de la police nationale dans la collecte des informations et de la protection des intérêts fondamentaux de la nation. Le maillage territorial de la gendarmerie lui permet en effet de sensibiliser de nombreuses entreprises.
En complément, la circulaire du Premier ministre du 15 septembre 2011 rappelle que l’action opérationnelle de l’État en matière d’intelligence économique s’organise autour de trois axes : assurer la veille stratégique, soutenir la compétitivité économique et garantir la sécurité économique. Au sein du ministère de l’Intérieur, un personnel chargé de l’intelligence économique, de la coordination entre les différents services et de l’animation du réseau territorial sera placé auprès du haut fonctionnaire de défense et de sécurité.
Consécutivement à la création du service de l’information stratégique et de la sécurité économiques (SISSE) en 2016 2, et plus récemment la stratégie nationale du renseignement de 2019 3 qui cite la défense et la promotion de notre économie comme l’un de ses enjeux prioritaires, un recentrage de la politique publique de sécurité économique vers l’information stratégique s’est opéré.
Le rôle de la gendarmerie nationale va dès lors s’articuler autour de trois points spécifiques :
– sensibiliser le tissu économique des TPE/PME à la sécurité économique ;
– contribuer à la remontée de l’information stratégique utile dans le cadre de la politique publique ;
– diffuser une culture de la sécurité économique.
Ce rôle est dévolu aux référents sécurité économique et protection des entreprises en coordination avec les services partenaires. Leur action est animée par le centre de sécurité économique et de protection des entreprises (SECOPE) de la sous-direction de l’anticipation opérationnelle (SDAO).
Il s’agit donc bien ici d’une chaîne de référents ayant pour mission de répondre aux objectifs d’une politique publique [accroissement de la compétitivité] destinée aux acteurs économiques. La crise de la COVID-19 est venue interférer dans ce schéma et la gendarmerie nationale a proposé, sans préjudice de sa participation à la politique publique de sécurité économique, un nouveau dispositif en vue d’une offre globale de service aux acteurs économiques : le dispositif PréSAnSCE (Prévention Situationnelle, Analyse, Sécurité et Cybersécurité des Entreprises).
Le dispositif PréSAnSCE [Prévention Situationnelle, Analyse, Sécurité et Cybersécurité des Entreprises]
La gendarmerie nationale est donc un acteur à part entière de la politique publique de sécurité économique qui a pour objet la préservation de la sécurité et de la souveraineté économiques. L’action de la gendarmerie en matière de sécurité économique peut se résumer en trois axes essentiels :
– identifier et analyser les risques et menaces ;
– protéger les actifs matériels et immatériels ;
– diffuser au sein de toute entité une culture de sécurité du patrimoine.
Sans préjudice de l’exécution des missions dévolues à la gendarmerie dans un tel cadre, le dispositif PréSAnSCE a vocation à accompagner et appuyer les acteurs économiques les plus fragiles et/ou les plus critiques implantés en zone de compétence gendarmerie. Ce dispositif prend place dans le cadre d’un accompagnement à la reprise économique en sortie de crise sanitaire COVID-19 en référence à l’opération #RépondrePrésent. En effet, depuis mars 2020, « la crise sanitaire liée au COVID-19 engage largement tous les militaires de la gendarmerie, quelle que soit leur subdivision d’appartenance ou leur spécialité. Au-delà de la mission fondamentale de protection portée par la gendarmerie, l’opération #RépondrePrésent vise à répondre aux préoccupations des territoires en sécurisant, accompagnant et rassurant la population et les acteurs locaux, particulièrement les plus vulnérables et les plus exposés 4 ». Un soutien aux acteurs économiques est prévu dans le cadre de cette opération et se concrétisera plus spécifiquement par la mise en place du dispositif PréSAnSCE dès juillet 2020.
PréSAnSCE détermine trois actions prioritaires à mener pour accompagner les entreprises en sortie de crise COVID-19 :
– identifier les entreprises en difficultés. Les échelons territoriaux de commandement dressent, par l’intermédiaire de leurs capteurs appuyés par le réseau des référents SECOPE et en coordination avec les renseignements territoriaux (SDRT), un état des lieux de la situation économique sur leurs territoires. Cette analyse, tenant compte des spécificités des territoires, constitue le socle d’une action ciblée et organisée ;
– orienter vers l’aide institutionnelle ;
– apporter un appui à la réduction des vulnérabilités.
PréSAnSCE est composé de 3 filières coordonnées par un officier régional sécurité économique (ORSE) :
– la chaîne SECOPE avec environ 200 référents formés à l’intelligence économique, répartis sur l’ensemble du territoire (régions et départements) ;
– la chaîne des référents sûreté issue de la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure du 29 août 2002, en charge de la protection technique de la malveillance (PTM). Ils sont amenés à intervenir auprès d’opérateurs publics, parapublics mais aussi privés (espaces commerciaux, entreprises, commerces…) ;
– un dispositif spécifique de prévention cyber pour anticiper toute action malveillante susceptible de mettre en difficulté professionnels comme particuliers, reposant sur 100 sections opérationnelles de lutte contre les cybermenaces (SOLC).
Il ne s’agit donc plus d’une chaîne, avec une mission et une cible, mais bien trois chaînes, rattachées à la mission de sécurité économique au profit des acteurs économiques.
Configuration des trois chaines et encastrement
Quelle analyse produire de ce nouveau dispositif au regard de la nouvelle sociologie économique et plus spécifiquement à l’aune de la notion d’encastrement ?
Comme il a été décrit ci-dessus, le contexte de la crise sanitaire a conduit la gendarmerie nationale à ajuster son dispositif de sécurité économique. Trois chaînes distinctes (sécurité économique, sûreté et cyber), trois configurations, intégrées dans un dispositif commun, piloté par un coordinateur régional.
Le point de départ est l’idée de Polanyi [1957] selon laquelle l’action économique est influencée par les institutions, elle est encastrée dans des institutions économiques et non-économiques. Le fait qu’une politique publique de sécurité économique ait été mise en place en 2004 et que ses acteurs, dont la gendarmerie nationale, soient au contact des acteurs économiques correspond totalement à ce postulat. L’objectif de cette politique publique étant l’accroissement de la compétitivité du tissu économique, les institutions influencent (ou sont censées influencer) les orientations stratégiques prises par les entreprises. Cet encastrement est à la fois relationnel et structurel :
– l’encastrement relationnel est la somme des relations exerçant une influence sur l’acteur économique. Elles se développent au travers du réseau de l’intéressé par les contacts avec les autres acteurs. En l’occurrence, l’entreprise, ou son représentant, est en contact (s’il le souhaite) avec la gendarmerie nationale tant en matière de sécurité économique, de sûreté que de cybersécurité. Ces trois interlocuteurs de la gendarmerie font alors partie intégrante du réseau de l’intéressé. Il n’est toutefois pas possible d’observer ses relations bilatérales isolément, mais au travers d’une relation structurelle plus vaste : les politiques publiques dédiées au monde économique ;
– l’encastrement structurel est l’ensemble des relations bilatérales encastrées dans une structure plus large. Le rôle joué par la gendarmerie nationale dans le réseau de l’acteur économique, au-delà des trois chaînes dont il est question ici, repose également sur des relations répressives, de sécurité publique, de police judiciaire… On peut alors considérer la gendarmerie nationale comme disposant d’un certain nombre de relations bilatérales avec l’acteur économique, encastrées dans un réseau plus structurant. Cela pose la question de la relation spécifique à la sécurité économique (ou à la sûreté, ou à la cybersécurité) vis-à-vis des autres relations issues des missions traditionnelles de la gendarmerie nationale (sécurité des personnes et des biens).
Ce premier degré d’analyse permet de situer la complexité de la configuration. Il convient de la compléter avec la notion d’expertise telle que la développe Granovetter [1993]. Pour lui, l’encastrement rend compte de l’insertion des actions économiques dans les réseaux sociaux qu’il convient de cerner à partir, à la fois des relations bilatérales et des structures de celles-ci. Il s’agit d’étayage qui peut expliquer les choix et orientations pris par des entreprises renvoyant à des relations de confiance entre responsables d’entreprises et experts. En ce sens, le fait d’avoir inscrit dans le dispositif PréSAnSCE trois chaînes d’expertise distinctes, augmente le nombre de relations bilatérales, toutes encastrées dans le réseau de relations de l’acteur concerné.
À ce stade, il semblerait pertinent de penser que le dispositif PréSAnSCE vienne renforcer la capacité d’influence institutionnelle sur l’acteur économique et ainsi répondre de façon plus efficiente aux objectifs de la politique publique de sécurité économique. En effet, l’encastrement suppose que les actions économiques dépendent de la structure des relations sociales dans lesquelles ils agissent. Le dispositif concerné renforcerait alors, en multipliant les liens (d’expertise), la forme et la dynamique de la relation sociale. Les informations diffusées par les experts dans la configuration influencent alors les actions de l’acteur économique.
Au regard des quatre types d’encastrements décrits plus haut [Huault, 1998], il est possible d’affiner l’analyse du dispositif PréSAnSCE et notamment d’y inscrire des éléments relatifs à la crise sanitaire de la COVID-19. Les encastrements cognitif, culturel, structurel et politique constituent une typologie particulièrement pertinente dans ce cas précis :
– l’encastrement cognitif se réfère aux éléments contextuels et subjectifs. La situation contextuelle de la mise en place du dispositif PréSAnSCE est bien un contexte de crise sanitaire (COVID-19) totalement exogène à l’environnement immédiat des acteurs économiques, avec des conséquences relevant des limites de la rationalité économique. Les relations créées dans le cadre du dispositif viennent bien s’inscrire dans ce contexte et relèvent en partie de ce type d’encastrement ;
– l’encastrement culturel se réfère à un système de valeurs et des habitudes culturelles. La place, le rôle et l’image de la gendarmerie nationale, dans « l’imaginaire collectif » représentent à la fois un système de valeurs mais également une institution régalienne, ancienne et ancrée dans les territoires. En aucun cas le dispositif PréSAnSCE n’est venu modifier cette perception. Éventuellement il l’aura renforcée. L’encastrement culturel de la relation entre l’acteur économique et le gendarme était antérieurement acquis ;
– l’encastrement structurel démontre l’insertion des relations économiques dans des systèmes de relations sociales plus larges. Le fait de démultiplier les interlocuteurs de la gendarmerie nationale, avec la mise en exergue d’expertises particulières (sécurité économique, sûreté et cybersécurité) en lien avec le monde économique ne peut être qu’un facteur de renforcement des liens dans la structure. De plus, l’idée d’expertise désacralise le gendarme « garant du respect des lois » ;
– l’encastrement politique enfin pose la dépendance entre les décisions économiques et la sphère politique et institutionnelle. Notre analyse est pleinement inscrite dans ce type d’encastrement : l’acteur économique oriente éventuellement son action en fonction de la politique publique de sécurité économique par l’intermédiaire de sa relation avec le gendarme « expert ». C’est ici que le rôle de l’information délivrée dans le cadre de la relation bilatérale entre l’acteur économique et le gendarme prend tout son sens.
Ces quatre types d’encastrements ne sont pas exclusifs les uns des autres, ils se complètent et enrichissent la structure globale du réseau social concerné. L’encastrement politique met en avant le lien entre politique publique et action économique. Ce lien ne peut s’exprimer qu’au travers de l’information échangée dans le cadre des relations dans la configuration. Granovetter [1973] indique que la force des liens est corrélée au temps passé, à l’intensité émotionnelle de la relation, à l’intimité et aux services réciproques caractérisant le lien en question. Dans le cadre du dispositif PréSAnSCE, le temps passé est démultiplié avec des acteurs d’une même institution (la gendarmerie nationale) dans a minima trois relations bilatérales (sécurité économique, sûreté et cybersécurité). Le lien n’est alors pas renforcé de façon interpersonnelle mais entre l’acteur économique et une institution (communauté de valeurs – voire encastrement culturel). Quant à l’intensité émotionnelle et à l’intimité de la relation, elle doit se lire comme une relation empreinte de violence symbolique au sens de Bourdieu. En effet, le statut du gendarme lui confère une aura spécifique. La perception qu’en a le représentant d’une entreprise relève de l’encastrement cognitif. Ce peut être une force comme une faiblesse. Enfin les services réciproques issus de la relation peuvent constituer un élément particulièrement important dans le réseau social. Cela est renforcé par le nombre d’interlocuteurs de la gendarmerie plus important. Le fait pour le chef d’entreprise de savoir sur qui compter, qui appeler, qui solliciter dans telle ou telle situation (cambriolage, accident du travail, diagnostic sûreté, conseil en sécurité économique, cyberattaque…) renforce les liens et instaure un climat de confiance réciproque. À l’inverse le gendarme, identifie un interlocuteur correspondant à un acteur économique.
Cependant, selon que le lien soit fort ou faible, l’information ou le message transmis sera plus ou moins reçu et acquis par l’acteur économique. Il s’agit bien entendu ici de l’information relative à la politique publique de sécurité économique à destination des acteurs économiques.
Les liens faibles sont caractérisés par une faible quantité d’interactions dans le temps, une faible intensité émotionnelle, peu de confiance et peu de services réciproques. Cependant, ce type de lien est facile à établir et un réseau constitué de liens faibles peut être très important et dimensionné. Cela permet d’acquérir une information riche et variée.
Les liens forts naissent entre des personnes proches dans un cercle restreint. L’information échangée reste alors cantonnée au sein d’un cercle d’initiés et peut être redondante.
Les liens établis dans le cadre du dispositif PréSAnSCE semblent alors être caractérisés par leur faiblesse (ce qui en fait la force). Ils sont en effet caractérisés par une faible quantité d’interactions dans le temps mais par contre renforcés par le nombre d’interlocuteurs. Quant à la charge émotionnelle, bien que décrite ci-dessus, elle n’est pas empreinte d’intimité entre l’acteur économique et le gendarme. Au sujet des services réciproques, ils sont, comme indiqués supra, identifiés mais pas forcément actionnés. Nous sommes donc bien en présence de liens faibles.
Ce sont les liens faibles qui permettent l’accès à un nombre d’informations plus important dans une perspective plus large que dans une situation de liens forts. Il ne serait pas impertinent de penser que la relation entre le gendarme et l’acteur économique est basée sur des liens faibles, renforcés par une situation de violence symbolique qui accentue l’efficacité du canal informationnel. En ce sens, en tant qu’intermédiaire entre la politique publique de sécurité économique et l’acteur économique, le gendarme et son action sont des atouts majeurs. Le dispositif PréSAnSCE serait en ce sens un vecteur de diffusion des informations relatives à la politique publique de sécurité économique vers un récepteur particulièrement réceptif du fait des liens faibles entre les interlocuteurs et du statut particulier du gendarme.
Conclusion
Cette analyse n’a aucune prétention d’exhaustivité mais se veut être une première analyse d’un dispositif mis en place dans le cadre de la crise sanitaire par la gendarmerie nationale. Le dispositif PréSAnSCE n’a pas encore fait ses preuves et il est trop tôt pour faire une évaluation étayée de son fonctionnement et des résultats opérationnels escomptés. Il était cependant possible de l’étudier au travers d’aspects théoriques, en l’occurrence la nouvelle sociologie économique et plus particulièrement les notions d’encastrement et de lien.
L’action économique étant influencée par les institutions, elle est encastrée dans des institutions économiques et non économiques. Acteur économique et gendarmerie nationale trouvent ici leur point commun, appuyé par la politique publique de sécurité économique. Celle-ci, et par conséquent la gendarmerie nationale qui en est une des parties prenantes, influence les acteurs économiques dans leurs orientations. Les relations bilatérales entretenues entre les gendarmes « experts » (sécurité économique, sûreté et cybersécurité) avec les acteurs économiques sont toutes encastrées dans le réseau de relations de l’acteur concerné. Encastrements cognitif, culturel, structurel et politique sont autant d’expressions des liens suscités par le dispositif PréSAnSCE.
Ces liens peuvent être caractérisés de faibles et favorisant la diffusion d’informations relatives à la politique publique de sécurité économique. Ils peuvent donc influer sur les orientations prises par les acteurs économiques. Le statut spécifique du gendarme vient renforcer ces liens, sans les transformer en liens forts, du fait d’une situation de violence symbolique et d’une distance « naturelle » entre le gendarme et l’acteur économique.
Il serait cependant hasardeux de conclure sur l’efficience ou non du dispositif. Une étude qualitative sur la nature et la réalité des liens établis entre les différentes parties prenantes est nécessaire pour progresser dans l’analyse. Elle n’est malheureusement pas possible en l’état actuel des choses (accès aux données, dispositif récent…). Toutefois, une lecture par la nouvelle sociologie économique semble être une piste d’analyse intéressante et à approfondir n
Bibliographie
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Notes
(1) https://www.gendinfo.fr/actualites/2020/repondre-present-pendant-la-crise
(2) Décret n°2016-66 du 29 janvier 2016 instituant un commissaire à l’information stratégique et à la sécurité économiques et portant création d’un service à compétence nationale dénommé « service de l’information stratégique et de la sécurité économiques ».
(3) Disponible en téléchargement sur http://www.sgdsn.gouv.fr/evenement/strategie-nationale-du-renseignement-juillet-2019/
(4) https://www.gendinfo.fr/actualites/2020/repondre-present-pendant-la-crise