Cet article a été écrit par Grégoire Le Quang, docteur en histoire contemporaine. Il est issu du n°47 des Cahiers de la sécurité et de la justice.
Les mouvements djihadistes contemporains, souvent analysés selon les paradigmes dominants de terrorisme, radicalisation ou dérives sectaires, incarnent avant tout des menaces clandestines. Sans dénier toute spécificité à chaque situation, une réflexion sur cette catégorie d’analyse, avec une profondeur historique mais dans une approche transdisciplinaire, apporte beaucoup pour comprendre les dynamiques de ces groupes, souvent armés, agissant dans une situation d’illégalité prolongée et de dissimulation. Ces enjeux renvoient à la fois à l’organisation de la subversion, à l’action de l’État et à la prolifération des imaginaires, à la fois politisés et lourds de conséquences politiques et sociales, liés à la figure de l’ennemi intérieur.
Introduction
Malgré la diversité des contextes politiques, historiques et géopolitiques, le fait de se cacher dans le but de former une opposition à un pouvoir constitué est un choix lourd de conséquences – à la fois du point de vue des modalités stratégiques de l’action subversive et du côté des méthodes de lutte développées par les services de sécurité 1. La dissimulation apparaît comme une ressource, condition pour fomenter des actions d’autant plus spectaculaires qu’elles jouent d’un effet de surprise redoublé par le fait de se situer au cœur du territoire de l’ennemi et en dehors de toute guerre déclarée. Mais, d’un autre côté, la clandestinité est aussi une contrainte qui limite les possibilités de développement des organisations politiques, et entrave leur faculté à communiquer, à se financer ou à recruter des nouveaux membres.
Entrer dans l’illégalité et s’y maintenir : cette première définition, minimale, de la clandestinité peut s’appliquer à de nombreux mouvements ou groupes humains dans l’histoire, depuis les révoltés contre l’impôt en Judée romaine [Girardin, 2017], en passant par les nombreuses minorités religieuses ayant cherché à se protéger des persécutions au cours des siècles, jusqu’aux mouvements contemporains. Deux publications collectives, rassemblant des actes de colloques tenus l’un en 1977 [Audisio, Chiffoleau, Nathan-Tilloy, 1979], l’autre en 2006 [Aprile, Retaillaud-Bajac, 2008], constituent des jalons dans l’histoire comparée de ces attitudes très diverses, répondant à des motifs d’ordre politico-religieux, à des revendications d’indépendance ou de révolte contre un occupant, à une volonté de déclencher une dynamique révolutionnaire, mais pouvant également provenir de l’extrême droite. Pourtant, malgré leur importance, ces publications pionnières ne se donnent pas comme objectif d’envisager spécifiquement la clandestinité comme une variante de l’action politique, puisqu’elles sont élargies à toutes formes de dissimulation, voire d’illégalité, ce qui peut englober la quête spirituelle des ermites, la contrebande, la circulation d’imprimés érotiques ou la contre-culture gay.
Si l’on restreint donc la focale sur les formes clandestines d’action politique subversive, un ouvrage marque une véritable rupture : celui de la politiste italienne Donatella della Porta [2013], qui offre un premier essai de comparaison entre différents mouvements politiques clandestins de nature différente. L’intérêt de la problématique développée est qu’elle permet d’analyser de manière comparée un ensemble d’organisations politiques qui ressortent de catégories ou de concepts éloignés et rarement mis en dialogue : « résistance », « guérilla » ou « révolution », « terrorismes » ou « lutte armée », « mouvement de décolonisation », voire « guerre civile ». Sur cette lancée, au cours de ces dernières années, le prisme de la clandestinité est devenu le fil conducteur de recherches et de projets collectifs 2. Il s’agit moins de proposer un concept alternatif à ceux, aux contours flous et discutés, de « terrorisme » ou de « radicalisation », que d’explorer les ouvertures permises par une catégorie d’analyse heuristique plutôt laissée en friche jusqu’à une date récente.
Comme souvent, l’actualité n’est pas étrangère à ce regain d’intérêt : la clandestinité s’est en effet imposée comme la menace principale à même de déstabiliser des sociétés pacifiées ou non, sur tous les continents. S’il n’est nullement une nouveauté, le terrorisme ne cesse de gagner en puissance depuis deux décennies au moins [Ferragu, 2014 ; Raflik, 2016], et s’il prospère malgré les efforts stratégiques et technologiques considérables fournis par les services de sécurité, c’est bien parce que la clandestinité réussit à s’adapter aux mutations contemporaines. La menace clandestine n’est pourtant pas le fruit d’une évolution ultra contemporaine, et ne peut être assimilée au seul terrorisme. D’abord parce que les répertoires d’action clandestins ne sont pas exclusivement violents. Il peut y avoir des cas de dissimulation qui répondent aux persécutions 3, et il existe également des exemples d’organisations de résistance essentiellement non violentes, comme celui de La Rose blanche dans l’Allemagne nazie 4.
Ensuite, parce que certaines organisations clandestines ont commencé à jouer un rôle politique significatif au moins depuis le XIXe siècle. La Révolution française semble marquer un tournant, avec la multiplication de sociétés secrètes en lutte contre les despotismes, à l’échelle de l’Europe [Tardy, 2010 et 2015 ; Gainot, Serna, 2004]. Certaines organisations sont plus « discrètes » que véritablement clandestines, notamment la franc-maçonnerie : ses membres, souvent issus des élites politiques, dissimulent seulement une partie de leurs activités, sans vivre eux-mêmes dans un état de clandestinité, et les réunions peuvent être tolérées par les autorités. D’autres structures, comme la Charbonnerie, dont le système est plus pyramidal et en partie compartimenté, sont plus proches du fonctionnement de l’organisation clandestine [Lambert, 1995]. Mais c’est vers la fin du XIXe siècle que se situe la véritable rupture, autour des révolutionnaires russes et des anarchistes, même si les formes d’organisation de ces derniers sont débattues [Bouhey, 2008] : ce n’est plus seulement la nature de certaines activités qui est dissimulée, mais bien l’organisation elle-même, et, de plus en plus, l’existence de certains militants. La clandestinité s’impose donc progressivement du même coup comme une variante de ce que certains sociologues du politique nomment le « militantisme à haut risque 5 ».
C’est, du reste, à partir des premières années du XXe siècle seulement que se développe le substantif de « clandestinité », qui est attesté mais rare depuis le XVIIIe siècle [Aprile, Retaillaud-Bajac, 2008, p. 8]. C’est aussi de cette époque que date la première étude sociologique qui tente d’analyser le fonctionnement de ces organisations qui ne se contentent plus de dissimuler une partie de leurs actes mais « pren [nent] le secret comme forme d’existence » [Simmel, 1991, p. 63].
Dès lors, la question de l’organisation apparaît prépondérante. Alors que Donatella della Porta considère qu’il peut y avoir clandestinité isolée, en donnant l’exemple d’Anders Breivik [della Porta, 2013, p. 2], il paraît légitime de considérer que tout projet politique subversif dissimulé ne peut s’implanter sur le moyen ou long terme qu’en reposant sur un mouvement collectif, même minoritaire. Au-delà de l’existence de possibles actions clandestines, c’est plutôt la question de l’organisation et des moyens de développer un lien entre structure dissimulée et sphères politiques et sociales sympathisantes ou potentiellement alliées qui importe. Toute clandestinité n’apparaît, in fine, que relative, et n’existe que tant que dure l’invisibilité, aux yeux du pouvoir. Ses modalités sont donc variées et doivent être précisées.
Cerner la lutte clandestine
Le choix de la clandestinité : une étape dans un processus de "radicalisation"
La clandestinité politique peut être, de prime abord, reliée à un choix radical, qui résulte du refus sans concession d’accepter l’ordre politique en place. Les raisons du rejet de la légitimité de l’État sont variables, mais la légitimation de l’usage de la violence repose souvent sur la critique d’une violence systémique, rendue acceptable par des moyens jugés illégitimes [Guibet Lafaye, 2018]. Le processus d’acceptation des méthodes violentes lui-même renvoie à ce qu’on qualifie généralement de « radicalisation », même si ce concept reste flou et débattu [Guibet Lafaye, Rapin, 2017 ; della Porta, 2018].
Cet arrière-plan est capital à plus d’un titre. D’abord parce que le mouvement clandestin, s’inscrivant dans ces processus de radicalisation, concerne des individus souvent engagés dans ce que les sociologues nomment des « carrières » militantes [Bosi, della Porta, 2012 ; Bosi, 2016 ; Crettiez, Sèze, 2017]. L’analyse des trajectoires individuelles permet de saisir à la fois l’influence des déterminants familiaux et sociaux, ainsi que les indices d’une politisation qui permet de comprendre ce qui pousse certains individus à sauter le pas de la clandestinité, mais également tout ce qui peut représenter un obstacle ou un frein à cet engagement radical 6. Cette perspective sociologique est incontournable dans le sens où elle démontre que la clandestinité est liée à un environnement militant, qui sert en même temps de vivier pour les recrutements, de support pour le financement et de soutien dans l’entreprise de dissimulation, et peut même présenter des situations de concurrence entre les différents groupes militants proches.
Le soutien des populations ou de certains groupes sociaux se matérialise de diverses manières, selon l’emprise territoriale, variable, des groupes armés clandestins, qui peut aller jusqu’à l’exercice d’une certaine forme de contrainte. C’est le cas des « impôts révolutionnaires » prélevés et parfois imposés sur certaines activités. Toutefois, il est à noter que l’évaluation de ce « soutien » est chose ardue – Isabelle Sommier remarque ainsi de manière lapidaire que « parler de soutien ne renvoie à rien de tangible » [Sommier, 2000, p. 81].
Certes, le consensus n’est pas mesurable quantitativement, et, si on considère un mouvement clandestin, d’autant plus s’il est violent, il est vain de parler d’« opinion publique » dans un sens monolithique. Pourtant, cette question ne peut être évacuée, ne serait-ce que parce que la conquête du soutien est un objectif capital des organisations politiques, y compris clandestines et y compris lorsque des méthodes terroristes sont employées : le but et l’horizon de la lutte subversive restent celui de construire une convergence, qui permette d’envisager une prise de pouvoir, ou à défaut une situation de conflit généralisé, voire de guerre civile. La clandestinité est ainsi souvent vue par les acteurs eux-mêmes comme une situation transitoire, un prélude à un bouleversement social et politique.
Quoi qu’il en soit, la clandestinité est une expérience minoritaire, même si son choix est revendiqué au nom d’un intérêt supérieur, et que les acteurs légitiment souvent leur activité illégale en référence à un groupe (le prolétariat, la Nation opprimée par l’étranger ou le colonisateur…). La seule convocation de ces idéaux permet de comprendre l’acceptation de la possibilité de donner la mort, ou du risque d’être tué ou emprisonné à vie. Les documents produits a posteriori, notamment les témoignages d’anciens militants, portent la trace de cet engagement total 7. L’idéal de la mort en martyr, celui qui sacrifie à la « cause » sa vie personnelle et parfois sa vie tout court, irrigue le plus souvent les imaginaires des mouvements clandestins. Stephen Rindlisbacher le montre concernant les socialistes révolutionnaires dans l’Empire russe, qui circulaient avec des portraits des grandes figures de la lutte clandestine – Lénine lui-même ne se séparait jamais d’une image du révolutionnaire Tchernychevski, philosophe radical russe mort en 1889 [Rindlisbacher in Cirefice, Le Quang, Riondet, 2019, p. 132].
Dans un autre contexte, Hugo Melchior montre à quel point l’imaginaire héroïque que charrie l’expérience de la clandestinité peut jouer dans le choix même de la clandestinité, à partir de l’exemple d’une organisation qui n’a pas été concernée par la lutte armée : le Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF) [Melchior, 2017]. À l’annonce par de Gaulle, en juin 1968, de la dissolution d’une dizaine de groupes marxistes révolutionnaires, le PCMLF fait, seul, le choix de conserver le même nom et de passer à la clandestinité. Hugo Melchior démontre que cette décision a été autant une réponse à une contrainte répressive qu’un choix stratégique visant à démontrer, y compris par les militants eux-mêmes et par rapport à l’imaginaire révolutionnaire alors partagé, que l’organisation effectuait un saut qualitatif décisif. Alors même qu’il suffisait, comme l’a fait en particulier la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), devenue Ligue communiste, de changer une lettre dans le sigle du groupe, le passage à une situation de clandestinité devient un marqueur identitaire qui a contribué à maintenir la fiction d’une avant-garde minoritaire mais conquérante, dissimulant la fonte réelle des effectifs militants au fil des ans. L’importance de cet imaginaire romantique de la clandestinité, qui masque les difficultés concrètes de la vie de l’ombre, est un élément important du prestige dont peuvent se prévaloir les organisations clandestines, qui stimule les vocations éventuelles.
Contraintes et contradictions de l'état clandestin
Mais la dissimulation permanente propre à la lutte clandestine est également un puissant facteur qui conditionne, négativement, cette modalité d’action militante. Sur le plan des contraintes matérielles, l’action clandestine est liée au développement d’un ensemble de techniques de dissimulation, sans lesquelles la survie est impossible : changer d’identité, adopter des pseudonymes (« noms de guerre »), des techniques de communication qui déjouent la surveillance, notamment par les déguisements, les faux papiers, les planques… Ces techniques peuvent d’ailleurs faire l’objet de transmissions : le cas des anciens résistants qui ont pu fabriquer des faux papiers en faveur des Algériens est connu [Gobin, 2017 8]. Les contacts avec la criminalité sont fréquents, notamment en ce qui concerne la fourniture d’armes, parfois pour l’acquisition de compétences précises.
Dans la clandestinité, les méthodes développées pour échapper à la surveillance et augmenter les chances de survie individuelle et collective peuvent aller jusqu’à consommer la majorité du temps disponible. Ces caractéristiques sont mises en valeur par un tournant récent de l’histoire de la Résistance, qui s’inspire d’une approche anthropologique. L’ouvrage rédigé par Sébastien Albertelli, Julien Blanc et Laurent Douzou montre ainsi la diversité des expériences résistantes « au ras de la quotidienneté clandestine » [Albertelli (S.), Blanc (J.), Douzou (L.), 2019, p. 11]. Bien loin d’une histoire héroïque consacrée, elle témoigne également de bien des tâtonnements, retournements de situation et prises de risque plus ou moins calculées. On retrouve le tableau de ces contraintes dans certains récits rétrospectifs d’anciens membres des Brigades rouges (BR) italiennes : Prospero Gallinari raconte ainsi son passage par un groupuscule totalement clandestin (Superclan), d’octobre 1971 à l’été 1972, précédant son entrée dans les BR ; quelques mois marqués par les séances de tir à la campagne, mais surtout l’ennui et la rareté des rencontres avec les « contacts » de l’organisation [Gallinari, 2006, p. 83]. Par ailleurs, la situation de tension et de fatigue domine, conduisant à un épuisement perceptible dans nombre de récits.
Une des conséquences essentielles de la clandestinité est l’isolement. La communication avec l’extérieur constitue bien évidemment un problème capital, ce qui bouleverse nécessairement la vie personnelle. Sauf exception, les militants qui passent à la clandestinité doivent rompre avec leur milieu d’origine : concernant les militants des BR, Mario Moretti rompt avec sa femme et ne voit plus son fils pendant dix ans [Moretti, Mosca, Rossanda, 1994], ainsi qu’Enrico Fenzi [Fenzi, 2008], Adriana Faranda se sépare de sa fille en bas âge [Bianconi, 2007]. Les rapports affectifs se font et se défont dès lors à l’intérieur de l’organisation. Mais la communication entre les différents militants présente également un caractère heurté et aléatoire, renforcé par l’usage des pseudonymes, le changement fréquent d’adresses, le cloisonnement en petites unités ne communiquant, dans l’idéal, que par un canal entre elles, souvent de manière hiérarchique. Ces pratiques sont aussi lourdes de conséquences sur le fonctionnement de l’organisation, favorisant souvent la constitution d’une structure verticale et autoritaire. Elles conduisent aussi à masquer une grande partie de la réalité de l’organisation aux militants eux-mêmes, ce qui a nécessairement un impact sur leur façon de se comporter au sein de celle-ci.
Enfin, la communication vers l’extérieur est limitée par la difficulté à diffuser un outil performant. Les publications clandestines peuvent réussir à se frayer un chemin sous le manteau, à condition de disposer d’un réseau de soutien étendu. C’est par exemple le cas des nombreuses publications durant la Résistance, dont les fameuses Éditions de Minuit. Pour de nombreux groupes clandestins, la communication peut passer par une technique plus artisanale : le graffiti, support essentiel pour démontrer l’importance du contrôle, au moins symbolique, sur le territoire revendiqué. Il en va ainsi aussi bien pour l’OAS, pour les groupes de lutte armée italiens, que pour les clandestins revendiquant un séparatisme (ETA, IRA ou FLNC [Crettiez, Piazza, 2014]). Quoi qu’il en soit, ces canaux de communication sont toujours précaires, parfois considérés de manière péjorative.
Il est possible de pointer deux conséquences directes de cet isolement sur les modalités et les dynamiques du militantisme clandestin. D’une part, la clôture pourrait encourager les groupes clandestins à choisir un chemin toujours plus autoréférentiel. Comme l’écrit Donatella della Porta : « plus les groupes sont radicaux, plus ils sont isolés de la culture des mouvements sociaux et plus leurs membres, en partageant les risques de leur militantisme, sont enclins à souscrire au schéma ami/ennemi » [della Porta, 2013, p. 243]. De même, elle parle aussi d’un « enfermement idéologique » (ideological encapsulation), conduisant à l’extension d’une logique de guerre, qui, en particulier, légitime l’homicide, mais aussi le don total de soi. La déconnexion avec les mouvements collectifs ou contestataires qui peuvent partager une même culture et un même objectif mais choisissent de rester sur le plan de la légalité s’accroît, et devient source de polémiques grandissantes. C’est notamment le cas de l’isolement des BR en Italie au cours des années 1970, qui s’accentue à mesure que la clandestinité et la violence des actions progressent [Le Quang in Cirefice, Le Quang, Riondet, 2019].
L’autre conséquence possible qui dérive du choix de la clandestinité peut être un recours accru à la violence politique, voire à l’attentat. Pour conjurer le risque de la marginalisation, les groupes clandestins sont tentés de recourir à une stratégie médiatique qui vise à capter, parfois à monopoliser l’attention. Le terrorisme, dès lors, apparaît comme le moyen le plus efficace pour jouer sur la fascination-répulsion et l’engrenage du spectacle médiatique [Le Quang, 2017]. Même s’il n’existe aucun modèle, ni aucune trajectoire linéaire, force est de constater que les principaux groupes clandestins qui ont su résister à l’érosion sont ceux qui ont le mieux su occuper le terrain des médias et mettre en scène l’affrontement contre les puissances de l’État. L’exemple du Front de libération nationale corse (FLNC) démontre que cela peut passer autant par la mise en scène d’une symbolique militariste que par l’exercice concret de la violence : il s’agit avant tout d’incarner un contre-pouvoir en acte, et en image [Pietrera, in Cirefice, Le Quang, Riondet, 2019]. Ces processus d’escalade dépendent aussi en partie de la réaction des autorités.
Dénoncer et/ou propager la menace clandestine
L'usage politique de la figure du clandestin : du complot à l'ennemi intérieur
L’action répressive influe grandement sur la dynamique des mouvements sociaux, et les organisations clandestines n’échappent pas à la règle. Mais l’action des responsables politiques et des forces de police est elle-même le révélateur, et en partie la source, de puissantes représentations des phénomènes clandestins. Quelques caractéristiques émergent des différents imaginaires véhiculés par la clandestinité.
En premier lieu, la description des mouvements clandestins (dans le discours médiatique, politique) renvoie le plus souvent à l’image d’une menace intérieure, dans une logique de radicalisation de la figure de l’ennemi. À ce titre, il faut remarquer que le terme de « clandestin » n’est jamais ni revendiqué, ni appliqué comme catégorie d’analyse par les contemporains. Ceux-ci parlent de « brigands » ou de « terroristes », qui sont le plus souvent représentés comme des agents de l’étranger, des ennemis de l’intérieur. À ce titre, les organisations clandestines catalysent souvent des peurs spécifiques, en particulier celles qui sont liées à la menace de guerre civile. Ces peurs sont renforcées par l’inconnu, la difficulté à cerner les contours des mouvements clandestins, souvent à l’origine de phantasmes, qui s’attachent par exemple aux lieux de la clandestinité, eux-mêmes supports de représentations alimentant la suspicion (caves, greniers, maquis, banlieues…).
Mais la question des représentations liées à la clandestinité est également indissociable de l’usage de ces représentations par les pouvoirs. Face à une contestation souterraine d’intensité variable, les autorités sont de grands pourvoyeurs de ces mêmes représentations péjoratives, pouvant déboucher sur de véritables mythes politiques. Cette dimension rejoint l’analyse des imaginaires du « complot », que Frédéric Monier propose de distinguer de la « conspiration », qui renvoie à la pratique politique (organisation d’un coup d’État), et de la « conjuration », associée à la dimension mythique ou imaginaire (ce qu’on appellerait dans la langue d’aujourd’hui « théorie du complot »). Le « complot », lui, renvoie au discours des instances répressives et de l’État [Monier, 1998, introduction]. Un des premiers exemples d’instrumentalisation d’une menace clandestine est donné par la série d’attentats dirigés contre le premier consul, Napoléon Bonaparte, engagé dans une stratégie de renforcement de pouvoir personnel. De juillet à décembre 1800, de nombreuses violences visent la personne de Bonaparte, notamment la conspiration dite « des poignards », le 10 octobre 1800, et l’attentat dit de « la machine infernale », le 24 décembre de la même année. Alors que le premier est probablement un coup monté par la police et que le deuxième est l’œuvre de royalistes, ces violences politiques sont interprétées comme le signe que les jacobins continuent de constituer une menace souterraine, par le biais d’associations criminelles clandestines [Salomé, 2010 ; Lignereux, 2012]. Des jacobins ou d’anciens révolutionnaires sont d’ailleurs emprisonnés ou déportés. Il y a donc une exploitation politique de la menace, qui peut être fortement amplifiée, parfois même inventée de toutes pièces pour justifier une politique répressive : la peur est aussi un moyen de gouverner [Robin, 2006], et l’imaginaire véhiculé par l’action clandestine y contribue en général puissamment.
Cette rhétorique visant à stigmatiser les clandestins peut donc s’intégrer à une logique de criminalisation de l’opposition politique. Un bon exemple est donné par la perception et l’instrumentalisation de la menace communiste dans l’après-guerre : les débats sur la « cinquième colonne » formée par les partis communistes, considérés comme à la solde de Moscou et donc dirigés en sous-main par l’étranger, sont alimentés par une suspicion permanente de double jeu : ces partis en apparence démocratiques ne seraient que des façades d’organisations paramilitaires cachées [Codaccioni, 2013 ; Girard, 2014]. Ces débats sur l’existence d’un plan révolutionnaire des communistes, dans les années 1950 en particulier, n’habitent pas seulement les franges les plus radicalement anticommunistes, mais nourrissent aussi des rhétoriques électorales de partis au pouvoir, comme, en Italie, la Démocratie chrétienne. Notons que ces représentations liées au péril révolutionnaire peuvent conserver des prolongements inattendus, réactivés en dehors de toute vraisemblance : en témoigne par exemple l’arrestation de ce qui a été décrit par les autorités et la plupart des médias comme le « groupe de Tarnac » en 2008. Le procès qui s’est tenu en 2017 et 2018 a, pourtant, démontré l’inanité de l’accusation de constitution d’une bande armée clandestine ayant des visées terroristes.
De l'imaginaire du clandestin à la théorie du complot
Il ne faudrait pourtant pas surévaluer l’importance des actions institutionnelles sur la formation des imaginaires liés aux organisations clandestines. En effet, ces représentations échappent d’une certaine manière largement à la sphère de la communication. Les interprétations du fait clandestin, passé ou présent, restent un terrain privilégié d’affrontements idéologiques et de points de vue contradictoires. En un sens, les discours complotistes peuvent être considérés comme des corollaires de l’action clandestine. Puisque l’action est dissimulée, elle prête le flanc à des déformations : chaque détail, et parfois chaque hasard peuvent être interprétés comme le signe d’une manipulation, le plus souvent attribuée à l’État ou à une puissance étrangère.
Le cas des groupes armés révolutionnaires des années 1970 est, à nouveau, éclairant : en France, en Italie ou en Belgique, ces groupuscules sont accusés dans nombre de publications d’être manipulés par des services secrets étrangers. Dans tous les cas, ces analyses aboutissent à une décrédibilisation aussi bien de l’État, accusé de laxisme, voire de complaisance, que des clandestins eux-mêmes, réduits au statut de marionnettes dénuées d’autonomie politique [Dubuisson in Cirefice, Le Quang, Riondet, 2019 ; Santalena, 2009]. En Italie, cette « diétrologie 9 » est même un véritable champ littéraire (plus que scientifique), qui relie les attentats commis aussi bien par l’extrême droite (ceux de la « stratégie de la tension ») que par des groupes armés révolutionnaires au contexte international, au climat de Guerre froide et à la manipulation des services de l’État [Rayner, 2008]. Si la complicité de certains services de l’État italien avec des poseurs de bombes néofascistes est amplement prouvée, il n’en reste pas moins que la recherche d’un unique commanditaire, véritable serpent de mer de cette ligne interprétative, la réduction à une série de manœuvres occultes et la défiance érigée en dogme envers toute forme d’institution dessinent les contours d’une sorte de clandestinité « au carré » : derrière les organisations clandestines se dissimulerait une main invisible qu’il faudrait à son tour déceler.
L’action clandestine, on le voit, est un puissant incubateur de ce qu’on nomme de manière peut-être trop générique et stigmatisante les « théories du complot » – mais cette tendance à la défiance et à la recherche d’une explication simpliste et alternative n’est ni neuve ni née d’Internet. Ce qui est invisible, ce qui est seulement entrevu, suscite à la fois peurs et phantasmes, qui entrent en collision avec l’origine mystérieuse et sacrée du pouvoir. Mais ces représentations comportent un risque de perte de lisibilité et doivent être analysées avec un surcroît de critique, puisqu’elles rejouent en réalité des partitions bien connues, qui ne font que reproposer des figures d’ennemis intérieurs tapis dans l’ombre.
Un bon exemple de cette mobilisation des fausses évidences au service de la construction d’une menace clandestine : la manière dont le concept de « taqiya » s’est imposé dans les principaux médias de l’espace francophone depuis les attentats parisiens de 2015 : cette notion d’origine savante, renvoyant à une justification théologique de la dissimulation de la foi musulmane en contexte de persécutions, ne désigne concrètement aucune technique spécifiquement musulmane. Le mot reste pourtant utilisé de manière récurrente comme une allusion à un ensemble de nouvelles techniques de lutte clandestine 10. Même une enquête sociologique fouillée comme celle menée par le sociologue Fabien Truong, qui montre que la plupart des parcours de terroristes issus des quartiers défavorisés sont l’aboutissement de longues carrières de délinquance, propose ce terme sans vraiment le questionner [Truong, 2017, p. 192]. Le mot attend encore de voir son contenu scientifique précisé, s’il en possède véritablement un ; mais il recouvre déjà, son succès le prouve, exactement les contours de la peur larvée d’une invasion terroriste clandestine, celle qui ne dit pas son nom mais qui attend son heure.
Conclusion
Toujours d’actualité et au service de groupes clandestins animés de desseins violents, la dissimulation d’activités politiques subversives a réussi à se réinventer et à emprunter de nouveaux véhicules, technologiques en particulier, pour contourner les mécanismes de prévention et de surveillance, et pour recruter. Preuve que l’imaginaire du combattant de l’ombre reste puissant, qu’il attire ou qu’il épouvante. À l’heure où certains craignent l’errance d’une partie des Européens partis en Syrie et orphelins de Daech, à l’heure où un « retour progressif à la clandestinité » est prôné par certains dirigeants [Thomson, 2016], il apparaît toujours plus nécessaire d’effectuer un retour critique sur les métamorphoses contemporaines de la clandestinité, qui, au-delà des clichés et des simplifications, reste au cœur de l’économie de la violence induite par le terrorisme contemporain.
Au terme de cette exploration, qui n’a aucune prétention à l’exhaustivité, plusieurs jalons apparaissent, qui permettent de rendre quelque profondeur à cette problématique extrêmement actuelle mais non sans précédents. D’abord, si les organisations clandestines restent si puissantes, c’est parce qu’elles sont en mesure de cristalliser un certain imaginaire héroïque, fait à la fois d’exaltation de la force et de don de soi. Réside aussi dans l’exhibition de la force, voire de la brutalité et jusqu’à la barbarie, la démonstration d’un pouvoir supérieur et sans limite qui vise à s’imposer partout, y compris face aux démocraties. L’espoir d’inverser le cours de l’Histoire, d’imposer une revanche paraît un point commun de ces expériences militantes radicales.
Les groupes clandestins sont rarement capables de démontrer d’importantes capacités de destruction. C’est davantage un combat symbolique de (dé) légitimation qui s’engage, et, d’un côté comme de l’autre, c’est le motif de la « guerre juste » qui prédomine. Il serait bon, plutôt que de céder au confort et d’entonner ce refrain, de chercher à expliquer ce qui reste, pourtant, injustifiable.
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Notes
(1) Cette réflexion repose à la fois sur ma recherche doctorale consacrée aux années 1970 en Italie [Le Quang, 2017] et sur un projet collectif issu d’une série de trois journées d’études, dont est tiré un ouvrage paru en octobre 2019 [Cirefice, Le Quang, Riondet, 2019]. Je remercie mes collègues et amis Virgile Cirefice et Charles Riondet, à qui la présente réflexion doit beaucoup.
(2) Se reporter aux publications récentes mentionnées en bibliographie. En outre, deux colloques ont eu lieu en 2018-2019 : « Êtres(s) clandestin(s) : expression et représentation », les 11 et 12 octobre 2018, à l’université de Dijon, et « Réseaux et pratiques de la clandestinité au temps des guerres de religion », le 12 juin 2019, à l’IEA de Paris.
(3) L’exemple d’Anne Frank est paradigmatique, mais pas isolé : voir par exemple le journal tenu par Moshé Flinker [2017].
(4) Cf. le témoignage d’Inge Scholl [2008].
(5) Notion théorisée en premier lieu par Doug McAdam [1986]. Voir aussi Sommier, 2015.
(6) C’est la perspective de l’ouvrage d’Isabelle Sommier [1998], tiré de sa thèse de doctorat.
(7) Si on prend l’exemple des militants italiens des Brigades rouges, on peut se reporter avec profit au documentaire de Bianconi, 2007.
(8) Voir en outre l’exposition : Adolfo Kaminsky. Faussaire et photographe, du jeudi 23 mai 2019 jusqu’au dimanche 8 décembre 2019 au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris.
(9) Dietrologia : de dietro, ce qui se situe derrière, est caché.
(10) Un exemple parmi beaucoup d’autres : « Taqiya : la dissimulation comme nouvel art de la guerre », Vladimir de Gmeline, Marianne, 23 juillet 2016.